La ville de Grenoble a confié une étude à un cabinet d’experts sur les enjeux du changement climatique grenoblois. Le rapport évalue les conséquences du réchauffement climatique à l’horizon 2050 et nous fournit un ensemble de données extrêmement intéressantes mais surtout alarmantes. Le nombre de jours de chaleur extrême va passer de 3 à 43. En résumé, et on peut dire que « Ça va chauffer ! »
Nous reprenons ici les points importants du rapport mais une synthèse du rapport d’expertise a été rendu publique et est disponible sur le site de la mairie de Grenoble :
Plaquette-L-adaptation-au-changement-climatique-a-Grenoble.pdf
La situation aujourd’hui
L’élévation de la température moyenne de la planète est de 1° Celsius, mais la température de la région s’est élevée de 2° C.
Les contours du climat grenoblois en 2050
Le climat grenoblois s’est réchauffé en toutes saisons sur les 50 dernières années : diminution du nombre de jours de gel, érosion du manteau neigeux, particulièrement marqué en dessous de 1700 mètres, canicules estivales plus intenses et plus fréquentes.
À l’horizon 2050, les saisons pourraient prendre les contours suivants :
Les effets du changement climatique à Grenoble
Une intensification de la chaleur en ville
Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU)1 est déjà très important à Grenoble. Il fait ainsi en moyenne plus chaud de 5 à 8°C au centre-ville qu’au Versoud (zone périurbaine à 10 km de Grenoble). Ce phénomène va très certainement se renforcer avec l’augmentation attendue des épisodes caniculaires.
Une sensibilité au risque d’inondation qui devrait continuer
Située à la confluence du Drac et de l’Isère, Grenoble est exposée au risque d’inondation par débordements des rivières mais aussi par remontées de nappe phréatique ou refoulement des réseaux d’assainissement.
Ce sont les crues extrêmes qui sont aujourd’hui susceptibles d’engendrer des inondations. La hausse probable des précipitations automnales et hivernales ainsi que la réduction de l’effet tampon du couvert neigeux, pourrait augmenter la fréquence et l’intensité de ces crues.
Des feux de forêt et mouvements de terrain potentiellement plus fréquents
Le massif de la Bastille et les territoires voisins pourraient connaître plus de feux de forêt et de mouvements de terrain en raison de l’augmentation des températures, des sécheresses et une plus forte variabilité des précipitations.
Les enjeux prioritaires à Grenoble
Le changement climatique va induire une augmentation généralisée des températures et des extrêmes (canicules, sécheresses, inondations, feux de forêts etc.) ainsi qu’une plus grande variabilité des précipitations. Le cadre de vie grenoblois, la population ainsi que les ressources naturelles devraient être affectés sur le long-terme par ces changements. Deux enjeux prioritaires se dessinent.
Gestion de la chaleur et des extrêmes
Avec l’augmentation attendue des vagues de chaleur, une dégradation généralisée du confort thermique dans les bâtiments, les bureaux, l’espace public et les transports est à prévoir. Cela nuirait à la santé des habitants et rendrait la ville de moins en moins agréable à vivre. Parallèlement, la raréfaction des ressources naturelles apporte des contraintes supplémentaires à anticiper.
Cette nouvelle donne climatique va induire :
- Une hausse des consommations énergétiques (électriques principalement) pour les besoins de rafraîchissement dans l’ensemble des secteurs : logement, hôtellerie, établissements de santé, écoles, crèches, bâtiments tertiaires, …
- Une plus grande fréquentation des lieux de fraîcheur : les espaces verts et cours d’eau risquent de subir une pression accrue avec l’augmentation des extrêmes (canicules, sécheresses). Ces espaces seront pourtant extrêmement sollicités en période de chaleur par le public.
- Une augmentation généralisée des besoins en eau : espaces verts, alimentation du réseau de froid (par la nappe), entreprises, particuliers autant d’usages qui exerceront une pression sur la ressource en eau dans un contexte de moindre disponibilité.
- Une exposition accrue des habitants et des publics sensibles : la recrudescence des vagues de chaleur induira à moyen terme une augmentation directe des risques sanitaires touchant particulièrement les publics les plus vulnérables et isolés.
Et maintenant ?
Il est incontestable que les pouvoirs publics au niveau des communes ont pris un certain nombre de mesures pour, par exemple, réduire les consommations d’énergie en isolant les bâtiments publics ou en changeant le système d’éclairage public. À noter également, la zone à faible émission pour le transport des marchandises dans une partie de l’agglomération. Pour autant ces mesures ne sont pas à la hauteur des enjeux car il ne s’agit plus de prendre des mesures éparses mais d’entreprendre une véritable rupture avec notre modèle de développement et de consommation. Aussi nous notons l’absence de mesures contraignantes applicables à l’ensemble des acteurs économiques car il faut agir sur toutes les sources d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi les sources de pollution. Le traitement du réchauffement climatique devient inséparable des problèmes de santé publique puisque l’un aggrave l’autre.