Dans le cadre de la mise en place d’une Zone à Faible Émission (ZFE) pour les véhicules des particuliers dans 13 communes de l’agglomération, Grenoble Alpes Métropole a lancé un concertation en ligne.
Le collectif est opposé à cette mesure car :
Les ZFE ne sont pas une réponse à l’amélioration de la qualité de l’air dans les agglomérations. C’est une mesure inefficace du point de vue sanitaire et environnemental. De plus c’est une mesure antisociale car elle a un fort impact sur les populations les plus modestes.
La solution ce n’est pas de changer la motorisation des véhicules mais de favoriser le développement des transports du quotidien (bus, tram, train) et d’instaurer leur gratuité afin d’encourager le report modal.
LA concertation concerne les 5 points suivants :
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- Les horaires
- Les dérogations
- Les axes routiers exemptés
- Les mesures d’accompagnement
- Les deux-roues à moteur
Voici l’avis du Collectif pour la Gratuité des Transports Publics :
01 LES HORAIRES
PENSEZ-VOUS QUE LES RESTRICTIONS DE CIRCULATION DOIVENT ÊTRE PERMANENTES (7J/7 ; 24H/24) OU NON ?
Le Grand Paris a par exemple instauré une ZFE du lundi au vendredi de 8h à 20h. Les interdictions ne s’appliquent ni la nuit, ni les week-ends, ni les jours fériés. Les autres Métropoles concernées ont choisi une ZFE permanente. Qu’en pensez-vous ?
RÉPONSE : Le collectif pour la gratuité des transports collectifs est extrêmement conscient des urgences sanitaire et climatique, et c’est pour cela que nous sommes choqués de voir l’empressement à mettre en place la ZFE, alors que le RER grenoblois ne sera pas présent avant 2035 et que la gratuité des transports publics totale n’est pas à l’ordre du jour. Il est urgent de modifier en profondeur nos modes de transport, et la ZFE ne modifiera pas les habitudes de déplacement des possesseurs de véhicules Crit’Air 1 et 2, c’est à dire 65% des véhicules, qui sont de plus des véhicules en moyenne plus lourds, plus émetteurs de CO2 et de particules fines que les véhicules Crit’Air 3 qui sont exclus. Enfin, les personnes qui ont les véhicules plus plus anciens sont souvent des personnes avec un petit revenu qui n’ont pas les moyens de le remplacer, et c’est aussi les personnes qui polluent le moins, car elles roulent moins souvent avec des véhicules plus légers. Au bilan, la ZFE est un dispositif injuste socialement et inefficace pour l’environnement. La priorité doit être mise sur le développement et la gratuité des transports collectifs, il faut y accorder les moyens financiers nécessaires, plutôt que de financer le renouvellement du parc automobile. L’expérience en France (une quarantaine de villes) et en Europe montre que le développement et la gratuité des transports publics augmentent de manière très importante le recours aux transports collectifs. Il s’agit donc de mesures réellement efficaces pour améliorer la qualité de l’air tout en étant justes socialement.
02 LES DÉROGATIONS
QUELLES SITUATIONS POURRAIENT JUSTIFIER LA MISE EN PLACE DE DÉROGATIONS ?
Des dérogations permanentes nationales obligatoires sont accordées aux ambulances, pompiers, titulaires d’une Carte Mobilité Inclusion… D’autres dérogations locales pour les « petits rouleurs » ou des « Pass ZFE » de 12 jours comme à Strasbourg par exemple, pourraient être instaurées. Les « flexibilités » mises en oeuvre pour une ZFE permanente sont par nature plus importantes que dans le cadre d’une ZFE non permanente.
RÉPONSE : Les dérogations ne permettront pas de corriger un dispositif profondément inadapté. Comment répondre à l’ensemble des situations qui sont très diverses ? Il y a certes les petits rouleurs, mais aussi les salariées qui utilisent leur véhicule personnel pour travailler (infirmières, aides à la personne, …), les aidants qui vont tous les jours au domicile de leurs parents ou grand parents, celles et ceux qui vont devoir aller à l’hôpital, l’accès aux services publics comme la CPAM ou la CAF … Pour que la ZFE ne mette pas en difficulté un nombre considérable de personnes, il faudrait une liste de dérogations très importante, qui aboutira soit à l’impossibilité de contrôler, soit à la généralisation de systèmes de surveillance qui ne sont pas compatibles avec les respect des libertés publiques.
03 LE PÉRIMÈTRE
CERTAINS AXES ROUTIERS SERONT EXEMPTÉS DES RESTRICTIONS DE CIRCULATION (L’A480, LA ROCADE SUD, CERTAINES VOIES D’ACCÈS AUX MASSIFS MONTAGNEUX, ETC.). CELA VOUS PARAÎT-IL ADAPTÉ ?
Les voies rapides (A48, A480, N87, A41, N481) seront exclues de la ZFE, ainsi que des voies d’accès en Chartreuse et Belledonne (l’accès au Vercors restera possible sans passer par la ZFE). Des voiries desservant des parkings-relais et des gares seront également exonérées de la réglementation pour favoriser le rabattement vers les transports en commun. Par ailleurs, la possibilité d’exclure d’autres voies routières afin de permettre un accès permanent à certains lieux devrait-elle selon vous être explorée (par exemple les hôpitaux…) ?
RÉPONSE : Les axes exemptés donnent accès à des zones économiques importantes : Alpexpo, Grand Place, espace Comboire, les zones industrielles de Crolles et Centr’Alp, sans doute que ce point a pesé lourdement dans le choix de les exempter. Mais ces grands axes sont congestionnés et bordés par des quartiers populaires : ainsi la rocade sud (RN87) traverse Échirolles et Saint Martin d’Hères. Si la ZFE doit réellement améliorer la qualité de l’air, comment comprendre alors des exemptions qui font qu’une partie importante des milieux les plus modestes continueront à respirer un air pollué ? Dans la logique de la ZFE, il faudrait au contraire inclure ces axes .
Par ailleurs, l’exemption éventuelle d’axes structurants ne répond pas à la question des milliers de véhicules venant de l’extérieur vers le territoire de la ZFE (trajet domicile-travail, accès aux services…). On peut en effet estimer qu’aux 60 000 véhicules actuels des habitants de la ZFE interdits à terme, il faut en ajouter 60 000 autres venant du grand Grenoble (Grésivaudan, Voironais, Bièvre, Sud Grenoblois…). Ces derniers ne bénéficieront pas d’aides de la métropole, et il n’est prévu de solutions lourdes de transports en commun qu’à l’horizon 2035 au mieux (RER).
Le nombre de véhicules touchés par l’interdiction de circuler sera donc bien plus important qu’annoncé, et pourrait monter à plus de 120 000 véhicules.
04 L’ACCOMPAGNEMENT
QUELS DISPOSITIFS D’ACCOMPAGNEMENT DEVRAIENT ÊTRE MIS EN PLACE POUR PERMETTRE À CHACUN DE S’ADAPTER À LA ZFE ?
Le dispositif d’accompagnement envisagé se fonde sur 3 offres complémentaires : un service de conseil en mobilité, des aides pour financer de nouvelles solutions de déplacement ou des aides financières pour acquérir un véhicule conforme. Qu’en pensez-vous ?
RÉPONSE : A partir du moment on on considère que la ZFE est une mesure d’intérêt général, les conséquences financières de cette mesure doit être assumée par la collectivité. Or les sommes en jeu sont hors de portée d’une collectivité locale. Par ailleurs, les conséquences de la ZFE s’étendent bien au-delà de son périmètre : il y a un gros problème entre les gens habitant la métropole et ayant accès à d’éventuelles aides (même très insuffisantes) et ceux venant de l’extérieur qui n’en auront pas, et qui auront pourtant plus de difficultés à se déplacer autrement qu’en voiture.En 2022, le prix moyen d’une voiture d’occasion dépasse 20 000 € et le prix ne cesse de monter, en raison de différents facteurs dont la mise en place des ZFE. Le remplacement de 60 000 véhicules représente donc plus de 1.2 milliard d’€, à comparer au prix du RER grenoblois qui est de 1 milliard d’€. Aider au remplacement de véhicules anciens est un gaspillage financier doublé d’une aberration écologique en raison du bilan carbone de ce remplacement. En l’état, la ZFE est en réalité une aide appréciable apportée aux constructeurs automobiles, alors que les ventes de véhicules neufs est en baisse importante depuis 2019. Il vaudrait bien mieux investir massivement dans les transports collectifs.
05 LES DEUX-ROUES À MOTEUR
LES DEUX-ROUES MOTORISÉS (MOTOS, SCOOTERS) LES PLUS POLLUANTS DOIVENT-ILS ÊTRE INTERDITS AU MÊME TITRE QUE LES VOITURES PARTICULIÈRES ?
La réglementation nationale n’impose pas que les motos et les scooters soient concernés par les restrictions prévues par la ZFE. La possibilité d’étendre les restrictions de la ZFE à ces véhicules existe néanmoins, c’est le choix fait à Paris, Lyon, Strasbourg, Montpellier ou Toulouse. Quel est votre avis ?
RÉPONSE : nos réponses précédentes sont transposables aux motos : pas plus qu’aux autos, il n’y a pas d’argument réel pour appliquer la ZFE aux motos ou scooters.
Pour les voitures électrique, je pense qu’il faut les offrir totalement aux habitants modestes pour remplacer leurs vielles voitures essence ou diesel (avec interdiction
Il faut arrêter les aides aux moyennes et grosses voitures électriques et se concentrer sur les petites dans les grandes villes et agglomérations.
Ensuite changer gratuitement les anciennes petites cylindrées par l’équivalent électrique.
Et pour faire cela il faut d’abord développer les transports urbains avec la gratuité.
Pour l’instant les ZFE sont un leurre, et défavorisent les plus modestes