Rencontre présidence du SMMAG et collectif CGTPAG

Jeudi 5 janvier une délégation du Collectif CGTPAG a été reçue par le nouveau président du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG) assisté d’un vice-président, d’une  élue et de la directrice transports et mobilité.

Les échanges furent cordiaux mais ils ont laissé apparaître de larges divergences sur les ruptures à opérer dans le domaine des mobilités face aux enjeux environnementaux et sanitaires. En effet, le nouvel exécutif s’inscrit totalement dans le cadre du PDU-2030 de la métropole et de son plan climat qui rappelons-le, et de l’avis de l’ancien exécutif, n’est pas en mesure de réduire les émissions de CO2 à la hauteur des objectifs de la COP21. Pour les responsables du SMMAG, le contexte actuel de crises multiples fragilise la capacité financière du Syndicat et il n’est pas opportun de rechercher de nouveaux financements. On se souvient que les élus du précédent mandat de la Métro avaient fait un vœu à destination de l’État afin de pouvoir augmenter le taux du versement mobilité payé par les entreprises. Ce taux est actuellement de 2 % au maximum pour notre agglomération, alors qu’il est de 2,95 % en région parisienne. En ce qui concerne la crise sociale, les responsables du SMMAG en restent à la tarification sociale, mais sans ressources supplémentaires il paraît impossible de l’améliorer. L’élargissement de l’A480 a fait l’objet d’un autre point de désaccord entre le Collectif et le Président du SMMAG. Le Président argumentant de la nécessité de fluidifier le trafic et le Collectif pointant que c’est un très mauvais signal donné aux automobilistes alors qu’il faudrait développer les alternatives à la voiture. Seul point positif, nous avons noté la volonté d’une meilleure prise en compte des personnes en difficulté. Le développement du ferroviaire a aussi fait l’objet d’une longue discussion et l’exécutif s’est montré très favorable au projet de RER grenoblois, mais s’en remet à la responsabilité de la SNCF.

Baisses des émissions de CO2 : faudra-t-il compter sur les pandémies ?

Résumé des discussions :

Question : Comment arriver aux objectifs de la COP21 en 2030 ?

Le Président répond que le SMMAG est contraint par le PDU et qu’ils vont le suivre mais pas aller plus loin que celui-ci car ils ont déjà pris du retard sur 2020. Tout ne dépend pas du SMMAG, il y a aussi la politique décidée par la Métro, avec par exemple le Plan Air Énergie Climat.
Pour les Chronovélos il y a une volonté de finir les lignes qui ont étés engagées et qui doivent se terminer en 2023 et aussi de continuer après 2023.

Question : Comment voyez-vous l’avenir du ferroviaire ?

  • Pour le ferroviaire, le projet de RER (ou SEM : Service Express Métropolitain) est fortement porté, mais il indique qu’il n’a pas la main en direct, c’est la SNCF qui définit l’agenda. C’est une priorité pour favoriser le report modal.
    Il y a 3 étapes dans le projet ferroviaire:
    Horizon 2025/2026: première branche du SEM vers l’est avec une liaison Grenoble-Brignoud toutes les 15 minutes.  Réaménagement la gare de Brignoud avec voie supplémentaire et une halte ferroviaire à Domène.
  • Horizon 2030: deuxième branche vers l’ouest qui irait à Voreppe puis Moirans en 2035 (2 voies supplémentaires).
  • Horizon 2035: troisième branche vers le sud qui irait de Grenoble à Clelles avec des arrêts notamment à Pont de Claix, Jarrie, Vif avec une desserte toutes les 30 minutes.
  • Pour Vizille le tram-train pose de nombreux problèmes de voies et d’infrastructures donc ce ne serait pas avant 2035. Une étude de faisabilité d’un train-tram est lancée.

Le collectif explique que ce projet est intéressant mais que les échéances sont vraiment lointaines et qu’il faudrait aller plus vite.

Se pose aussi la question de la gratuité à laquelle le vice-président répond qu’il a une « responsabilité politique » et qu’il ne peut pas aller vers la gratuité.
La crise Covid a créé un déficit d’une dizaine de millions d’euros pour la Sémitag avec 50% d’usagers en moins et une baisse de 6 à 7 millions d’euros pour le versement des entreprises (Versement Mobilité) sur le périmètre de la métropole (sur 105 millions d’euros en 2019). Le déficit de la Sémitag est pris en charge par le SMMAG par une augmentation de la dotation de la Métro. Le département va se désengager du SMMAG et la région devrait l’intégrer et compenser la perte de subvention.
Concernant la crise COVID et son impact sur les recettes de versement mobilité, le SMMAG a reçu des prêts de l’état mais il devra les rembourser.

Question : Pour faire rentrer des recettes ne serait-il pas possible de faire voter l’augmentation du versement mobilité pour les entreprises ?

Les représentants du SMMAG ne veulent pas faire cela en ce moment car les entreprises sont en grandes difficultés financières par rapport à la crise Covid. Le collectif répond que la gratuité permettrait aux entreprises d’économiser sur le remboursement de 50% du prix des abonnements à ses salariés. Les représentants du SMMAG ne semblent vouloir tenter une gratuité même partielle (week-ends ou précaires) car ils considèrent que les précaires ont déjà des tarifs solidaires (qu’ils vont peut-être modifier) et que ceux-ci sont « faciles » à mettre en place. Le collectif explique que ce n’est pas le cas, que les processus sont stigmatisants et que ce qui peut paraître à leurs yeux simple ne l’est pas pour tout le monde (problèmes d’accès à l’information, à la langue française officielle écrite etc.)

Pour le Président la baisse des ressources ne sera pas compensé par une augmentation des tarifs.
Nous avons argumenté sur l’urgence climatique, sur l’urgence en termes de pollution de l’air et sur l’urgence sociale, plus grande que jamais (ils en conviennent), et en conséquence sur l’urgence d’une politique de rupture, avec un report massif des déplacements en véhicule individuel vers les transports en commun. Nous avons dit que nous estimions nécessaire un doublement de la part modale des TC d’ici 2030, ce qu’a approuvé le Président.
Nous avons donc dit que l’exécutif du SMMAG était dans la quadrature du cercle : la crise COVID a amené une forte baisse de la fréquentation, une forte baisse des recettes commerciales ainsi que du Versement Mobilité. Ils justifient leur refus de la gratuité par cette situation budgétaire, ce qui ne permettra donc pas de créer le choc psychologique permettant un report modal massif. Or la crise COVID a des origines environnementales, et nous en connaitrons d’autres si nous ne changeons pas notre organisation, notre mode de vie, notamment sur les transports. Pour le Président, c’est surtout l’offre et sa qualité qui favorisent le report.

Question sur la place de la voiture et la troisième voie de l’A480 :

Le Président indique que cette troisième voie n’est pas liée au SMMAG mais qu’il y est favorable car cela désengorge l’accès à Grenoble et permet à des voitures de ne pas aller au centre-ville. Il dit qu’il faut conserver les voitures et juste passer à des voitures non thermiques.
Le collectif n’est pas d’accord et indique de la 3ème voie de l’A480 envoie un très mauvais message et que le passage du thermique au gaz, électrique ou hydrogène pour les moteurs des voitures individuelles ne fait que déplacer et non supprimer le problème.
Le collectif signale également que dans l’étude d’impact, 70% des déplacements sur cette rocade sont des trajets de quelques kilomètres internes à la zone métropolitaine, et qui auraient donc vocation pour une part significative d’entre eux, à être reportés vers les transports en commun. Par ailleurs, il n’y a pas une seule expérience dans le monde d’élargissement de rocade qui n’ait entrainé une augmentation du trafic, et une rapide nouvelle saturation.

Question sur l’impact de la crise Covid et comment ramener des utilisateurs :

Le SMMAG va déployer une campagne sur le fait que les contaminations Covid n’ont pas lieu dans les transports en commun pour ramener les utilisateurs.
Le collectif répond que la gratuité permet d’augmenter considérablement le nombre d’usagers, ce que l’on constate dans toutes les villes qui l’expérimentent.

Question sur la vision du SMMAG par rapport à l’intégration des différents réseaux :

Le Président dit vouloir intégrer le plus de territoires possibles dans le SMMAG et qu’il confirme la volonté de faire évoluer la structure en SPL (Société Publique Locale) en 2021.
En ce qui concerne les différents réseaux (Semitag, Tougo, pays voironnais, Transisère…), beaucoup de questions vont se poser, mais qu’il est plutôt favorable à aller vers une intégration.
Les lignes Transisère basculent à la région au 1er Janvier 2022, mais à priori celles qui sont à l’intérieur du périmètre SMMAG devraient passer au SMMAG, en tout cas il le souhaite.
Les 8 intercommunalités périphériques du SMAG doivent décider fin 2021 : réseau autonome, délégation à la région, ou rattachement au SMMAG.

Question sur les amendes pour ceux qui n’ont pas leur carte sur eux :

L’élue (en charge des relations à l’usager et de la planification) dit qu’elle ne veut plus qu’il y ait de frais aussi élevés pour ceux qui bénéficient des tarifs solidaires.
Le collectif signale la situation particulière des demandeurs d’asile, qui bénéficient normalement d’une prise en charge de leur abonnement via un réseau d’associations, mais qui se retrouvent régulièrement verbalisés du fait de la lenteur de la procédure. Et du service recouvrement qui reste intraitable dans ces situations. Le collectif rapport le cas de personnes en situation irrégulière qui sont remises à la police lors de contrôles sur les titres de transports.

Les représentants du SMMAG nient que cela se passe vraiment, en expliquant qu’il n’y a pas de recours systématique à la police, seulement en cas de violence.

Appréciation générale :

On note un changement de ton très net d’avec l’ancienne équipe. Les échanges ont montré beaucoup de divergences et peu/pas de convergences. Les questions environnementale et sanitaire ne semblent pas être une priorité. Nous avons pu constater l’absence de vision d’avenir et une conception de retour à l’équilibre budgétaire par la seule augmentation de la fréquentation des usagers. Cela est très inquiétant !

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