135 scientifiques locaux dénoncent l’élargissement de l’A480

Dans une tribune publiée dans le Dauphiné Libéré des scientifiques en appellent aux décideurs politiques locaux à reconsidérer l’élargissement de l’A480.

Depuis plusieurs mois, les tribunes de scientifiques, personnalités médiatiques,
responsables politiques et associatifs se multiplient pour appeler les gouvernements et citoyens de tous pays à enrayer la hausse continue des émissions de gaz à effet de serre afin de réduire les conséquences du changement climatique à l’échelle planétaire, et ses manifestations les plus catastrophiques. La pétition “L’affaire du siècle”, qui a désormais atteint plus de 2 millions de signataires, parmi lesquels des responsables politiques locaux et nationaux, démontre l’adhésion d’une part croissante de la population à la nécessité d’une action climatique plus ambitieuse, et ce à toutes les échelles d’action possibles.

L’agglomération grenobloise subit déjà les conséquences du réchauffement climatique et les projections pour le 21ème siècle laissent augurer une intensification des situations caniculaires et des modifications profondes de l’environnement dans et autour de la ville. Les conséquences du réchauffement se combinent aux effets sanitaires de la qualité de l’air dégradée subie dans l’agglomération grenobloise, du fait des émissions liées au transport et aux combustions résidentielles et industrielles, dont les effets sont amplifiés par la configuration de notre vallée alpine.

Contrairement au réaménagement de l’échangeur du Rondeau, qui fait l’objet d’un
consensus large dans l’agglomération et ne porte pas les germes d’une fuite en avant dans
l’accroissement du trafic routier, le projet d’élargissement de l’A480 retenu par l’étude du maître d’ouvrage (AREA) s’inscrit dans un renforcement des déplacements routiers et est dimensionné pour une vitesse du trafic de 90 km/h et nécessite des travaux d’une grande ampleur, en mobilisant un budget de près de 300 millions d’euro pour réaménager 7 km de voirie. Cette étude qui spécifie une solution unique, ne permet pas de comparaison avec des scénarios alternatifs. En l’état, l’élargissement de l’autoroute tel que proposé met en péril les efforts du Plan de Déplacements Urbains, actuellement en cours d’adoption par les différents acteurs des mobilités du territoire grenoblois, et visant à améliorer, de façon concertée et à long terme, les déplacements et à réduire leurs nuisances. En outre, à la lecture des considérations de négationnisme climatique figurant dans le rapport d’enquête du dossier d’autorisation environnementale, en contradiction totale avec l’état de l’art scientifique en la matière, il est permis de douter de la crédibilité globale des conclusions de ce rapport d’enquête en matière de biodiversité et d’impacts sanitaires.

Nous, scientifiques grenoblois investis dans les activités de recherche et d’enseignement dans le domaine des sciences du climat, de l’environnement et de la transition énergétique, en appelons aux responsables politiques et administratifs en charge du dossier A480 pour les enjoindre à reconsidérer ce projet, et mettre en cohérence dès à présent les orientations de développement territorial avec les enjeux primordiaux de qualité de l’air et des futurs climatiques. Alors que le trafic routier est le principal contributeur des émissions de gaz à effet de serre en France et contribue fortement à la dégradation de la qualité de l’air, nous exprimons notre incompréhension vis-à-vis du projet d’agrandissement de l’A480. Dans des contextes similaires, l’élargissement de tronçons routiers est systématiquement associé à une croissance du trafic, et des nuisances et émissions induites. Ce projet est en contradiction totale avec l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau national et mondial, et les enjeux environnementaux locaux (qualité de l’air, bruit). Les conclusions du rapport du GIEC sur un réchauffement de 1.5°C ont été rappelées lors de la COP24 à Katowice (Pologne): “Chaque fraction de réchauffement compte. Chaque année compte. Chaque choix compte”.

Il n’est plus temps de différer l’action climatique. Au contraire, il est indispensable de
décliner à l’échelle locale les engagements de principe à l’échelle planétaire et les appels à
l’action à l’échelle nationale. L’agglomération grenobloise, au rayonnement scientifique mondial, ne peut se permettre d’être le symbole de l’hypocrisie climatique, en laissant sur son territoire se développer un projet de développement à ce point incompatible avec les nécessaires transitions énergétiques et environnementales.

Voir le texte original et les signataires

Article du Dauphiné.com

 

2 thoughts on “135 scientifiques locaux dénoncent l’élargissement de l’A480

  1. savine bernard

    bonjour
    mais bien sûr c’est incohérent ce projet autoroutier grenoblois ! cela va permettre plus de trafic plus de pollution bien évidemment C’est pour satisfaire les entreprises ce projet et au nom de l’emploi ? Avec ses millions, Que d’autres solutions on aurait en respectant la santé de chacun, une autre économie ! développement accru des transports en communs y compris INTER-RAIL, voire gratuité des transports pour limiter l’usage de son véhicule et surement d’autres idées écologiques. C’est prévoir à long terme ces dernières solutions écologiques, il faut penser à nos descendants !

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