Débat sur la gratuité à la Fête du Travailleur Alpin

Dimanche 28 juin à la fête du Travailleur Alpin à Fontaine, le chapiteau s’est avéré trop petit pour accueillir les participants au débat sur la gratuité des transports publics. Autour de Mariano Bona, responsable de l’UD CGT et animateur du collectif, trois invités : Magali Giovannangeli, ex-présidente de la communauté de communes du Pays d’Aubagne, Yann Mongaburu, président du SMTC et Jean-Paul Trovéro, Maire de Fontaine et tout nouveau président de la Semitag.

Ce deuxième débat dans l’agglomération a encore été l’occasion d’échanges d’une grande tenue entre les intervenants et le public. Les interventions ont été très diverses bien qu’une large majorité des participants étaient acquis à la gratuité. En permettant au public de s’exprimer largement, nous avons encore démontré que le débat s’enrichit lorsque le débat commence par les questions et attentes des gens, et que les invités présents à la tribune s’efforcent d’y répondre.

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Introduction Mariano Bona

Avant de donner la parole au public et après avoir présenté les invités, Mariano trace en quelques mots le but du collectif : la gratuité des transports est un nouveau droit à conquérir qui est au cœur d’urgences : sociale, sanitaire et écologique. Le débat a pour but de faire émerger de l’intelligence collective.


Part 1 – Fête du TA 2015 – Débat gratuité des… par cgtag

Premières interventions du public

La gratuité ferait baisser la tension et l’agressivité dans les TC, notamment pendant les opérations de contrôle. Par ailleurs le coût des transports reste élevé pour les usagers alors que leurs contributions restent faibles dans l’ensemble des coûts pour la Semitag.
La tarification solidaire est une avancée mais n’est pas suffisante, en particulier pour les étrangers sans droit.
Le premier argument est « ce n’est pas possible » alors réfléchissons à comment cela peut-être possible.
La gratuité de la bibliothèque à Fontaine, celle des musées départementaux donne d’excellents résultats. La gratuité une avancée sociale et sociétale majeure.
L’enjeu c’est le développement de l’attractivité, la performance et le service, l’automobile est encore trop utilisée, se priver de 17% de recettes c’est rendre les choses plus difficile. Il faut une politique tarifaire adaptée. 5 euros par mois pour les personnes aux minima sociaux, 36€ maxi pour les salariés.
Il faut prendre nos affaires en main et inscrire la gratuité dans un projet de société
Il faut faire avancer l’idée qu’il faut faire financer par l’impôt certaines activités gratuites, idée à contre-courant de la loi Macron. Comment s’organiser pour apporter cette réponse.


Part 2 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

Interventions des invités

Magali Govannangeli fait un bref bilan de l’expérience de la gratuité à Aubagne : 35% de report modal sur les TC, atmosphère apaisée dans les bus, liberté totale de déplacement. Il n’y a pas de contradiction entre l’usage pour le plaisir ou la culture et l’indispensable. La gratuité est une avancée sociale et politique. Il ne faut pas attendre la transformation de la société au risque de ne jamais ouvrir de possible. La gratuité et la tarification solidaire (TS) ce n’est pas la même chose. Ca suffit de faire la démonstration qu’on est pauvre, jeune, vieux.

Yann Mongaburu : Parlons de ce qui est souhaitable avant de parler de ce qui est possible. Sens de la transformation à opérer. Il ne faut pas penser que tarification des TC mais coût des différents modes de déplacements. La voiture reste le premier mode de déplacement devant la marche à pied. Il faut la gratuité pour des besoins sociaux absolus comme la santé et l’éducation. Il y a aussi les biens communs comme l’eau, l’énergie avec la tarification progressive. On doit mettre au centre du débat le coût de la voiture alors que les automobilistes ont un accès gratuit à tout le réseau (45% des déplacements, 70% des coûts) donc ne pas penser la tarification indépendamment des modes de déplacements.

Pour Jean-Paul Trovéro être à la tête d’une institution ne nous fait pas peur et ce n’est pas contradictoire avec les valeurs que nous portons notamment la gratuité. Est-ce utopique ? Le CNR avait d’autres chalenges à relever alors que la situation économique était bien plus difficile. Il ne faut pas oublier d’interroger les 1500 salariés de la Semitag et penser au redéploiement des agents et des moyens. Il faudrait aussi une TVA à 5%, redistribuer différemment les amendes de police. Des solutions il y en a en attendant une refonte globale du système. La tarification solidaire est une entrée, on peut ajouter des zones de gratuités supplémentaires. Il faut veiller aux maillages dans les quartiers populaires. La gratuité supprime la fraude, c’est plus de tranquillité et de convivialité.


Part 3 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

Deuxièmes interventions du public

La gratuité c’est l’égalité mais aujourd’hui elle n’existe pas pour les collégiens, les lycéens, pour les habitants des quartiers populaires.
Est-ce qu’on va amplifier la périurbanisation. Il faut faire des logements là où il y a de l’emploi et veiller à la localisation des services publics.
Si nous sommes convaincus de la gratuité, il faut travailler aux solutions de son financement.
Eco-gratuité contre écotaxe injuste et inefficace sur le plan social et écologique. Il faut s’attaquer au racket des banques sur les financements des services publics.
La gratuité des transports est liée à l’urbanisation. La concentration des universités, des services publics, des bassins d’emploi et des pôles de compétitivité a pour conséquence une ségrégation spatiale.
Nous ne sommes pas égaux face à l’usage du vélo dont le coût n’est pas négligeable même avec la location.
Remplaçons gratuité par accès libre. Il faut un vrai service public au lieu d’une DSP pour éviter la captation de marge par les sociétés privées.


Part 4 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

Deuxième intervention des invités

Yann Mongaburu :
Par rapport à d’autres gratuités, celle des TC n’est pas prioritaire. La gratuité de l’école fait partie des gratuités prioritaires, or l’école n’est toujours pas complètement gratuite. Les besoins vitaux doivent être gratuits comme les premiers mètres-cube d’eau. Les collectivités locales peuvent agir sur les dépenses contraintes des ménages : loyers + énergie, les déplacements et l’alimentation. Le coût des déplacements ce n’est pas le coût des TC. Ils augmentent à cause du coût de l’énergie. Il faut mener une bataille politique pour augmenter le versement transport et une autre pour la baisse de la TVA. L’implantation de l’emploi ne doit faire l’objet de compétition entre les territoires. Il nous faut une métropole multipolaire, en faire un outil pour lutter contre la métropolisation, contre la concentration et pour une métropole archipel.

Jean-Paul Trovéro :
En dehors des combats qu’on peut mener ensemble, peut-on faire plus de gratuité, plus d’équité ? Sans attendre une baisse de la TVA expérimentons la gratuité pour les jeunes par exemple. La liberté de se déplacer est primordiale. La TS n’est pas juste en regard des conditions sociales des usagers. Il y a une injustice sociale et fiscale face aux transports. Prenons des décisions sans attendre. Nous sommes à la tête de la Semitag car la droite n’en veut pas, c’est peut-être le signe d’un coup fourré.

Magali Giovannangeli :
La gratuité nécessite en permanence le débat en réinjectant de la démocratie participative dans les villes. La fraude engendre de l’agressivité qui est une spirale infernale. La devise liberté, égalité, gratuité est porteuse de valeurs. Ne pas penser vivre mieux mais vivre bien. S’il devait y avoir une gratuité partielle, elle pourrait être une gratuité de zone car cela met tout le monde à égalité sur la zone concernée. La gratuité dépasse la question de classe et de tarification solidaire : «la gratuité ce n’est pas mieux, c’est bien !».


Part 5 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

Troisièmes Interventions du public

Quelles mesures les élus locaux peuvent-ils prendre pour pallier le désengagement de l’Etat ?
En matière de pollution, l’ambition de la majorité grenobloise est de se conformer à la norme européenne. Or cette norme n’est pas contraignante puisqu’elle autorise 35 jours de pic de pollution par an et elle n’empêche pas la population de respirer un air de mauvaise qualité 120 jours par an.
Puisque les gouvernements du monde ne prendront pas de réelles mesures pour stopper le réchauffement climatique, les élus locaux devraient être à l’initiative de mesures fortes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et la gratuité des transports pourrait être une de ces mesures.


Part 6 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

Conclusions des invités

Magali Giovannangeli : D’après les échanges que je peux avoir, il y a de l’essaimage, de la transformation sociale en jeu un peu partout. Ce n’est pas pour rien qu’on massacre les communes qui sont de formidables espaces de résistance. Battons-nous aussi pour la gratuité de l’eau comme celle du logement. Penser une sécurité sociale du logement. La gratuité est une question en devenir. Elle est une invitation au voyage : « circulez il y a tout à voir »

Yann Mongaburu : Les premières victimes de la pollution ce sont les automobilistes et les habitants vivants près des axes routiers. Dans l’agglomération c’est le chauffage au bois la première source de pollution, nous travaillons à la reconversion des foyers ouverts. Nous avons demandé au gouvernement qu’il envoie à l’ensemble de la population les vignettes destinées à identifier les véhicules pour organiser la modération et la restriction de circulation en association à des mesures de tarification des transports pour éviter les pics de pollution. L’étude de l’AURG montre que le taux d’effort le plus élevé pour les déplacements est chez les 18-25 ans. A la rentrée, il y aura la gratuité pour les sorties scolaires pour les communes de la Métropole et une baisse du tarif pour les jeunes.

Jean-Paul Trovéro : Nous avons la volonté politique pour de la gratuité, il y a la mobilisation citoyenne, la démocratie à travers l’usage et les pratiques existe donc nous ne sommes plus sur l’utopie mais sur un possible. Un service public de qualité est aussi possible avec une maitrise publique. Ne restons pas dans le discours, passons aux actes. Faire aussi passer des messages en direction des entreprises pour « mettre la main au portefeuille ».


Part 7 – Fête du TA 2015-Débat gratuité des… par cgtag

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